Nouvelle mobilisation pour augmenter les financements des MAEC
La grogne des agriculteurs s'étend au niveau national pour demander une hausse du financement des mesures agroenvironnementales au moment où le projet de loi de finances est examiné par les parlementaires.
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« Si le gouvernement ne parvient pas à assumer les contrats pour 2024, comment va-t-il anticiper le futur ? » Stéphane Galais, secrétaire national de la Confédération paysanne, s’inquiète de la prise en compte de la transition agroécologique par le gouvernement. L’élu a rejoint à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), le mercredi 18 octobre 2023, une nouvelle action de mobilisation à l’initiative de la Confédération paysanne, quinze jours après de précédentes manifestations.
Au cœur des revendications du syndicat : le financement des mesures agroenvironnementales (MAEC) par l’État. Selon la Confédération paysanne, le gouvernement a sous-évalué les crédits alloués aux MAEC dans son projet de loi de finances pour 2024, actuellement en discussion au Parlement. Au niveau national, la Confédération paysanne estime le manque de financement entre 250 et 350 millions d’euros.
Des finances sous-évaluées
À Vannes (Morbihan), Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et Bressuire (Deux-Sèvres), des agriculteurs se sont donné rendez-vous devant les préfectures pour interpeller le gouvernement. D’autres mobilisations sont prévues en Nouvelle-Aquitaine le jeudi 19 octobre 2023, notamment à Bayonne.
Aujourd'hui à St Brieuc @Laconfpaysanne a rappelé sa détermination et demande au gouvernement d'apporter des réponses aux paysan-nes. #Maecpic.twitter.com/zQ6RopZusJ
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) October 18, 2023
Redéfinies par la nouvelle politique agricole commune (Pac) européenne, les mesures agroenvironnementales sont financées à 80 % par le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) alloué aux Régions et géré par l’État et à 20 % en cofinancement national (État et agences de l’eau).
Mis en place par le plan stratégique national, les MAEC visent à encourager le développement des pratiques écologiques en permettant aux agriculteurs d’obtenir des financements pour planter des haies, protéger la diversité, étendre le pâturage… Et c’est un succès. En Bretagne, plus de 4 500 dossiers de MAEC ont été déposés.
Les agriculteurs avaient jusqu’au 15 mai 2023 pour donner leur dossier Pac et y intégrer une demande d’engagement en MAEC. Mais cinq mois plus tard, le compte n’y est pas, dénonce la Confédération paysanne. Le budget du ministère prévu par la loi de finances pour 2024 et en particulier, le financement des MAEC ne correspond pas à la demande. Rien qu’en Bretagne, le budget consacré aux MAEC s’élève à 95,2 millions d’euros, bien loin du besoin de 140 à 150 millions estimé par les organisations syndicales. Le syndicat craint que certains contrats ne soient pas honorés, alors même que le cahier des charges des MAEC a pu déjà être mis en place par les agriculteurs.
Un problème national
Cette nouvelle mobilisation « s’explique par la colère des paysans et paysannes qui ont, eux, respecté leur part du contrat. En face, l’État ne respecte pas sa part alors qu’il devrait s’engager à payer les MAEC », s’indigne Stéphane Galais. Une colère, qui s’étend aux autres régions de la France avec cette fois-ci, des mobilisations annoncées en Nouvelle-Aquitaine. « C’est un problème national, dans le sens de l’orientation qu’on donne à l’agriculture. Vers quel modèle agricole le gouvernement veut-il se tourner ? », défend Stéphane Galais, qui pointe « les miettes » laissées à l’agriculture paysanne lors des négociations de la Pac contre une agriculture plus productive.
La Confédération pointe un « mauvais signal politique », le fait « de ne pas être capable d’assumer ses engagements », alors que le gouvernement avait fait de la transition écologique sa priorité, se rappelle le syndicat.
Face à l’argument des restrictions budgétaires, la Confédération paysanne demande l’augmentation des budgets alloués aux MAEC, à l’écorégime bio et à l’aide complémentaire au jeune agriculteur (ACJA).
Amendements pour augmenter le budget
De leur côté, la FRSEA, les Jeunes Agriculteurs et la chambre d’agriculture de la Bretagne ont interpellé le gouvernement dans un communiqué commun mercredi. Les organisations constatent un « très fort déséquilibre » entre les demandes d’engagements et l’enveloppe budgétaire prévue pour les MAEC. Un déséquilibre « inacceptable » et « incompréhensible au regard des enjeux auxquels sont aujourd’hui confrontés les agriculteurs ». Ils demandent que les moyens financiers supplémentaires soient « fléchés vers ces accompagnements contractuels qui répondent aux ambitions gouvernementales de la transition agroécologique ».
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, devrait répondre aux questionnements des syndicats à la fin de novembre, selon la Confédération paysanne.
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